« Viens, Il n’y a personne. Je suis seul avec les oiseaux. Je regarde l’eau toute étoilée de feuilles mortes et d’écumes. Je regarde les maisons des hommes, ces beaux villages renversés aux collines comme des corbeilles de pommes rouges, -tous les villages que j’aimais. Viens. L’un peut nous accueillir encore avec les lampes. Les portes ne sont pas toutes fermées. Tu me parles. Je t’écoute de tout mon corps sans oser rien répondre. Je me lève. Je recommence une longue marche sans heure et sans chemin dans l’herbe, les labours, la neige. Tu ne me quittes plus. Tu es là toute proche, ô pauvre présence timide, une voix, une aile, une ombre. Là-bas la première abeille de l’année frôle une vitre et fuit. Une abeille, un rayon, quel adieu plus léger? »
(Requiem, Gustave Roud)